Nous devons lutter contre la pauvreté et la crise climatiquedans une même dynamique

Pour que les personnes vivant dans le Sud global puissent sortir de la pauvreté, il faut qu’elles aient accès au développement économique – or, ce dernier signifie plus d’émissions de CO2, et donc de nouveaux dommages au climat. Cela signifie-t-il que la lutte contre la pauvreté et la crise climatique s’opposent? Le nouvel Almanach Politique du développement de Caritas Suisse apporte une réponse nette à cette question.

Mondialement, une personne sur dix vit dans une extrême pauvreté. La plupart de ces quelque 700 millions de personnes habitent dans les pays du Sud global. Mettre fin à cette pauvreté est le premier objectif de l’Agenda 2030 que les Nations unies — et donc la Suisse — se sont fixé.

Il existe de nombreuses possibilités de lutter contre la pauvreté. La croissance économique est généralement associée à ces processus de lutte. La crise climatique montre toutefois, et sans ménagement, que cette voie a ses limites si l’on ne veut pas mettre en péril les fondements mêmes de la vie. Comment alors réussir à garantir à toutes et tous l’accès à l’eau, à l’électricité, à l’éducation, à une alimentation saine et à un mode de vie décent sans que nous, la communauté internationale, n’ayons à exploiter les ressources naturelles et à détruire l’environnement encore plus que nous ne le faisons déjà?

Il faut changer fondamentalement notre manière de penser

Déjà dans son titre, l’Almanach Politique de développement publié par Caritas Suisse fournit une réponse à cette question: la post-croissance. Il faut repenser l’activité économique, abandonner la croissance basée sur l’exploitation et s’orienter vers une croissance basée sur l’économie des ressources naturelles et l’interdépendance des ressources humaines.

Ce changement de mentalité concerne par exemple la manière dont nous mesurons le bien-être d’une société. Ainsi, dans une société post-croissance, le produit intérieur brut (PIB) n’est plus le seul guide de l’action politique. En effet, le PIB ne dit rien de la répartition des revenus, de l’inégalité au sein d’une société, des effets négatifs de la croissance sur d’autres pays à cause de l’externalisation des dommages environnementaux, ou des relations commerciales inéquitables. La politique devrait donc s’appuyer sur d’autres mesures et objectifs. Il appartiendra au Sommet de l’avenir de l’ONU, qui se tiendra les 22 et 23 septembre, de discuter notamment de la forme que ces mesures et objectifs pourraient prendre. Au regard de leur responsabilité historique dans les inégalités, il est de la responsabilité des pays du Nord en particulier de prendre une nouvelle direction.

Déjà un standard aujourd’hui: des projets qui garantissent un revenu en même temps qu’ils ménagent l’environnement

Il est évidemment difficile de quitter mentalement la notion traditionnelle de la croissance et de s’engager dans d’autres formes de pensée. Des organisations actives au niveau international, notamment Caritas Suisse, montrent toutefois que la lutte contre la pauvreté et la maîtrise de la crise climatique peuvent — et même doivent! — être pensées ensemble. Aujourd’hui déjà, les projets de coopération au développement associent souvent des mesures qui améliorent à la fois les revenus des personnes tout en préservant l’environnement. Par exemple, les méthodes de culture durables et respectueuses de l’eau permettent d’obtenir des récoltes même dans des conditions météorologiques extrêmes.

Cet exemple montre qu’il est indispensable de lutter dans une même dynamique contre la pauvreté et la crise climatique. Une approche séparée de ces deux défis mondiaux conduira inévitablement à des solutions à courte vue qui ne peuvent qu’être un échec à long terme. Les solutions nécessitent, non seulement une volonté politique, mais aussi une coopération active et coordonnée entre les États, la société civile et les entreprises. Ce n’est qu’en agissant ensemble que nous pourrons créer un monde dans lequel prospérité et protection de l’environnement ne seront plus en contradiction, mais se conditionneront et se renforceront mutuellement.

• Auteur: Niels Jost, collaborateur Relations publiques et médias, Caritas Suisse
• Nous vous envoyons volontiers un exemplaire de presse du nouvel Almanach Politique de développement, sous forme de livre ou de PDF.

Demandes d’interviews et informations complémentaires

Vers les prises de position de Caritas

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Photo de couverture: Couverture de l'Almanach Politique de développement 2025