Le conflit à Gaza a des répercussions au Liban
Le conflit dans la bande de Gaza provoque des souffrances incommensurables pour la population civile. Au Liban aussi, la situation humanitaire s’aggrave à cause de la montée de la violence entre les différents acteurs. Actuellement, Caritas Suisse poursuit ses projets en cours au Liban avec quelques restrictions. Parallèlement, les collaboratrices et collaborateurs sur place explorent les possibilités d’apporter un soutien supplémentaire à la population.
Le conflit en cours au Proche-Orient s’étend de plus en plus au Liban. Les attaques militaires d’un côté et de l’autre ont déjà fait de nombreuses victimes et entraîné d’importants dégâts matériels, particulièrement dans le sud du pays. Près de 100'000 personnes ont déjà été déplacées vers des régions du centre et du nord du pays. Ces derniers jours, plusieurs États ont appelé à l’évacuation de leurs ressortissants vivant au Liban. Une escalade régionale du conflit aurait de graves conséquences pour la population libanaise.
«Caritas Suisse tient des ressources à disposition pour l’aide humanitaire.»Wael Darwishdirecteur pays
Les projets en cours de Caritas Suisse au Liban se poursuivent actuellement avec quelques restrictions. Cependant, la situation en matière de sécurité peut changer à tout instant. Il faut donc adapter en permanence les activités de projet. Notre équipe sur place évalue les possibilités d’apporter un soutien supplémentaire à la population. Les collaborateurs observent et analysent attentivement la situation afin de pouvoir soulager rapidement la détresse des personnes en cas de nouvelle escalade.
Wael Darwish, vous êtes le directeur pays de Caritas Suisse au Liban. Comment voyez-vous la situation de la population?
La population du Liban est très impactée par la poursuite des hostilités. Depuis le début des violences en octobre 2023, près de 100'000 personnes ont été chassées de chez elles et plus de 100 civils ont été tués. De nombreuses personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays dépendent d’une aide économique. Elles ont un urgent besoin de logement et de nourriture. La situation tendue et l’incertitude persistante pèsent également sur le plan psychique.
Ce conflit intervient alors que la population libanaise est toujours aux prises avec les effets de l’effondrement financier et économique de 2019, avec une détérioration constante de la stabilité sociale et des chocs supplémentaires, p. ex. l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Tous ces facteurs font que l’ambiance dans le pays est très pesante.
Comment Caritas Suisse travaille-t-elle dans avec une situation si explosive dans la région?
Caritas Suisse a ouvert un bureau à Beyrouth en 2016. Depuis, avec le soutien de la population suisse et de nos organisations partenaires, nous avons réagi à diverses situations d’urgence, notamment à l’explosion du port de Beyrouth et au tremblement de terre en Syrie. Nous sommes en contact avec nos organisations partenaires locales pour être prêts à intervenir en cas d’escalade. Nous identifions les besoins potentiels, coordonnons les mesures possibles avec d’autres acteurs sur place et menons déjà des entretiens avec des bailleurs de fonds. Parallèlement, nos projets en cours se poursuivent et sont constamment adaptés.
Concrètement, quelle aide Caritas Suisse pourrait-elle apporter en cas d’escalade, et comment?
Grâce à notre collaboration de longue date avec les organisations partenaires, nous disposons d’un grand crédit dans le pays et notre capacité de réaction est rapide. De plus, Caritas Suisse est l’un des principaux acteurs de l’aide en espèces dans la région. Les structures existantes nous permettent de fournir immédiatement une aide en argent liquide aux ménages déplacés et affectés par les conflits qui se trouvent dans les situations d’urgence. Ainsi, les personnes concernées obtiennent rapidement de l’argent liquide leur permettant de répondre à leurs besoins de base les plus urgents. Si les marchés devaient vaciller, Caritas Suisse pourrait aussi recourir à la distribution de prestations en nature.
Comment l’insécurité actuelle se répercute-t-elle concrètement sur nos projets et sur la population civile?
Le Liban est confronté actuellement à la plus grave crise socio-économique depuis des décennies. Auparavant, la majorité de la population vivait déjà dans une situation économique difficile. Le HCR estime que la moitié de la population libanaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Les personnes ayant trouvé refuge au Liban après avoir fui la Syrie ces dernières années sont également confrontées à de grands défis. Quelque 90 % d’entre elles ont besoin d’une aide humanitaire pour couvrir leurs besoins de base.
Les personnes déplacées du sud du Liban, mais aussi les régions qui les accueillent sont particulièrement frappées par la pauvreté et vivent avec d’importantes restrictions d’accès à la nourriture, aux soins de santé, à l’éducation et à d’autres services de base. La hausse des prix et le renchérissement des loyers aggravent la situation. La persistance des conflits, l’instabilité et l’insécurité ne laissent malheureusement présager aucun soulagement dans l’immédiat.
Plus d'informations
Photo de couverture: Liban, 2022 © Ghislaine Heger