Amazonas Résilient – un projet de Caritas pour la protection de la forêt tropicale en Bolivie. Alejandro Tibi Flores s’occupe de la pépinière.
Amazonas Résilient – un projet de Caritas pour la protection de la forêt tropicale en Bolivie. Alejandro Tibi Flores s’occupe de la pépinière.

Financer le développement durable au lieu d’accélérer la destruction de l’environnement

Le rôle de la place financière suisse dans la crise climatique

La crise climatique accroît la pauvreté dans le monde et détruit des vies. Il incombe aux pays riches de réduire rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre partout dans le monde. Avec sa place financière, la Suisse dispose en outre d’un puissant levier pour faire avancer la protection du climat à l’échelle mondiale. Encore faut-il des règles contraignantes pour qu’il soit efficace.

La Suisse se fait volontiers plus petite qu’elle ne l’est réellement, en particulier lorsqu’il s’agit d’assumer des responsabilités planétaires, par exemple en matière de protection du climat. Ainsi, la classe politique est majoritairement d’avis que les émissions de CO2 produites à l'intérieur des frontières nationales sont beaucoup trop insignifiantes en comparaison internationale pour que nous puissions faire une différence dans la gestion de la crise climatique. Pourtant, notre pays génère encore bien plus d'émissions polluantes avec les biens de consommation importés de l’étranger et surtout avec sa place financière.

Selon une étude du cabinet de conseil McKinsey, les émissions de CO2 liées aux investissements de la place financière sont jusqu’à 18 fois supérieures à celles générées en Suisse. Ce calcul prend en compte les flux monétaires des banques, assurances, caisses de pension et gestionnaires de fortune suisses. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement CNUCED a établi que la Suisse est le pays où l'investissement par habitant dans le charbon est le plus conséquent. Pour ce qui est des investissements dans les énergies fossiles en général, notre pays arrive au deuxième rang du classement par habitant. Compte tenu de ces chiffres, il est évident que nous pouvons faire une grosse différence dans la lutte contre la crise climatique mondiale, car la Suisse est un poids lourd du secteur financier.

Investissements suisses dans le dérèglement climatique

Alors que la loi sur le climat a obligé les entreprises ayant leur siège en Suisse à réduire leurs émissions de sorte à atteindre l'objectif de zéro net d'ici 2050 au plus tard, ces prescriptions ne s’appliquent pas aux grandes banques ou assurances implantées chez nous et à leurs affaires à l’étranger. Cette exception bafoue pourtant l'accord de Paris qui, dès 2015, a inclus le secteur financier dans l’obligation d’harmoniser ses activités avec les objectifs mondiaux de protection du climat. En tant que pays signataire de cet accord, la Suisse se doit de l’appliquer sur le plan national. Or, jusqu’à présent, elle a surtout misé sur la bonne volonté des banques et des assurances avec un succès très mitigé. Des entreprises suisses continuent à financer et à assurer à l’étranger des activités qui ont des répercussions négatives sur le climat. Il y a beaucoup à gagner à réorienter ces flux financiers vers des investissements qui contribuent à un développement durable.

Pour une place financière suisse durable

Un consortium d'organisations de la société civile et de partis politiques veut utiliser le levier dont la Suisse dispose avec sa place financière pour faire avancer la protection du climat dans le monde. Il a lancé pour ce faire l’«initiative pour une place financière durable». Cette dernière propose que les banques et assurances implantées en Suisse soient également tenues de se baser sur les objectifs internationaux de protection du climat dans leurs activités à l’étranger. Il s’agit en outre d’interdire le financement de nouveaux projets de promotion des énergies fossiles. L'initiative est notamment portée par l'Alliance climatique dont Caritas Suisse est membre.

Du point de vue de la politique de développement, il est évident que si des pays comme la Suisse continuent à accélérer la crise climatique par leurs investissements, les habitants les plus pauvres de l’hémisphère sud en ressentiront le plus fortement les répercussions négatives. La place financière suisse peut faire une différence de poids dans le sens d’un avenir viable pour tous.

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Photo de couverture: Amazonas Résilient – un projet de Caritas pour la protection de la forêt tropicale en Bolivie. Alejandro Tibi Flores s’occupe de la pépinière. © Fabian Biasio