Besoins croissants dus au cumul des crises

Réponse à la consultation sur la Stratégie de coopération internationale 2025-28 de la Suisse

La Confédération assure aide humanitaire, coopération au développement et promotion de la paix dans les régions du monde les plus pauvres. Elle assume ainsi sa responsabilité de pays prospère qui profite d'un monde sûr, interconnecté et équitable. La Suisse fait aussi preuve de solidarité envers les populations des pays frappés par la guerre, la faim et d'autres situations de détresse. Ainsi, elle contribue également à la réalisation de l'Agenda 2030 de l'ONU.

Le Parlement détermine tous les quatre ans, sur proposition du Conseil fédéral, les grands axes et le financement de la coopération internationale de la Suisse officielle. Lors de la procédure de consultation, Caritas s'est exprimée en détail sur le message du Conseil fédéral relatif à la coopération internationale 2025-28. Voici les principaux points sur la manière dont, du point de vue de Caritas, une coopération internationale responsable et efficace peut être mise en place.

Les crises graves se succèdent dans le monde et ce sont les habitants des pays du Sud qui en souffrent le plus. Les répercussions de la guerre en Ukraine et les conséquences de la crise climatique s’ajoutent à l'inflation mondiale, à l'endettement croissant de nombreux États, ainsi qu’aux guerres et conflits armés qui sévissent à l’échelle locale et régionale. Depuis le début de la pandémie de Covid, la situation s’est fortement dégradée pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Après des décennies de recul, la pauvreté dans le monde augmente à nouveau depuis 2020. La Suisse doit s’adapter à cette évolution et étendre son engagement. Elle doit atteindre le plus rapidement possible l'objectif fixé au niveau international, à savoir consacrer 0,7% du revenu national brut à la coopération internationale. À long terme, l'objectif est de passer à 1%.

Il faut de toute urgence que la Suisse s’engage dans l’aide humanitaire et la reconstruction en Ukraine, ravagée par la guerre. Mais cet engagement ne doit pas se faire au détriment des pays et groupes de population les plus pauvres. En sa qualité d’œuvre d’entraide active aussi bien en Ukraine que dans les pays du Sud, Caritas tient beaucoup à ce que la Suisse ne finance pas l’aide à l’Ukraine avec les fonds destinés à la coopération internationale, mais qu’elle engage à cet effet des moyens supplémentaires.

Pour les années 2025 à 2028, le Conseil fédéral propose de faire passer l'aide humanitaire de 20 à 25% du budget total. Ce relèvement mérite d’être salué au vu de l’immensité des besoins humanitaires, mais ne doit pas se faire au détriment de la coopération au développement à long terme.

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Moins de fonds pour le développement malgré une pauvreté croissante ?

Caritas Suisse s'engage avec Alliance Sud et d'autres œuvres d'entraide suisses pour plus de solidarité. En raison de l'augmentation des dépenses militaires et de l'interprétation trop stricte du frein à l'endettement, des économies doivent être réalisées dans la coopération au développement destinée aux pays les plus pauvres. Le Conseil fédéral entend consacrer au moins 1,5 milliard de francs à l'Ukraine sur le budget de la coopération internationale de 2025 à 2028. L'Ukraine a évidemment besoin de notre généreux soutien. Mais cela ne doit pas se faire sur le dos du Sud global.

Pas de mesures contre la migration via les fonds de la coopération internationale

Il est important que la coopération internationale se concentre sur la migration. Caritas demande toutefois qu’elle ne serve pas à repousser la migration. En particulier, les fonds de la CI ne doivent pas être utilisés pour des mesures qui visent à empêcher directement l’exil et la migration.

La concentration géographique de la coopération internationale sur les quatre régions du monde, l'Afrique subsaharienne, l'Asie, l'Afrique du Nord/Moyen-Orient et l'Europe de l'Est est en principe à saluer. Du point de vue de Caritas Suisse, il est toutefois urgent de donner la priorité aux pays les moins développés.

Une politique étrangère cohérente

Pour respecter l'Agenda 2030 de l'ONU, la Confédération doit faire en sorte que les affaires politiques qui ont des répercussions sur les pays du Sud n'entravent pas les efforts de la coopération internationale. La CI relève principalement de la responsabilité de la Direction du développement et de la coopération (DDC) et du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Ces deux offices fédéraux ont pour mission de rappeler sans cesse au Parlement, au Conseil fédéral et à l'administration de veiller à la cohérence politique. Cela s’applique en particulier aux politiques commerciale, fiscale, financière et climatique de la Suisse.

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Photo de couverture: © #SoyonsSolidairesMaintenant