En Haïti, la population a faim: l’aide doit se poursuivre
L’insécurité dans la capitale Port-au-Prince et le blocage des axes routiers compliquent l’aide apportée par Caritas, présente en Haïti depuis près de 40 ans. Fonie Pierre, responsable des opérations sur place, explique les enjeux.
«Nou se wozo, nou pliye men nou pap kase. Nous sommes le roseau, nous plions mais nous ne rompons pas.» Cette phrase exprime la capacité de toujours se relever que démontre la population haïtienne.
«La grande solidarité des gens entre eux est admirable.»Fonie Pierredirectrice de Caritas Suisse en Haïti depuis novembre 2023
Originaire de Port-au-Prince, elle vit dans la commune des Cayes, au sud-ouest du pays, depuis plus de seize ans. C’est là que le bureau de Caritas Suisse a dû être déplacé en août 2023 en raison de l’insécurité qui règne dans la capitale. En effet l’État est en déliquescence et les bandes armées imposent leur loi.
Selon le Programme alimentaire mondial, une personne sur deux souffre de la faim dans le pays. 160ʼ000 personnes ont fui la violence, la plupart d'entre elles dans le sud du pays. Les barrages routiers empêchent en de nombreux endroits le transport de marchandises. Les prix montent en flèche. Une grave pénurie de carburant fait grimper les coûts des transports publics et entraîne également des pannes d’électricité et la fermeture d'infrastructures telles qu’hôpitaux ou centres de soins. Parallèlement, les habitants luttent toujours contre les conséquences dévastatrices du cyclone Mathieu qui a frappé le pays en 2016 et du tremblement de terre de 2021.
Fonie Pierre, comment travaille votre équipe dans des conditions très difficiles?
Nos employés de Port-au-Prince rentrent chez eux périodiquement, courant des risques d’être surpris par un incident de sécurité à tout moment. La présence de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) tarde à donner des résultats palpables. Tout coûte plus cher, les matériaux de base, les transports. Les transporteurs privés doivent négocier leurs passages auprès de bandes criminelles. Tout est plus compliqué.
Pendant ce temps, les besoins sont énormes.
Sur le terrain, nous entendons les besoins les plus urgents. À l’insécurité s’ajoute la vulnérabilité face aux phénomènes sismiques, climatiques, météorologiques. La saison cyclonique dure de juin à novembre. Dans le Sud, quelque 160'000 personnes sont venues vivre chez des proches pour fuir l’insécurité. Ces familles agrandies, déjà plus qu’appauvries par les calamités récurrentes de toutes sortes ont de la peine à se nourrir. Caritas apporte donc une aide d’urgence et crée des opportunités de revenus sur la durée: fourniture de petits animaux de rente, semences améliorées, meilleurs rendements agricoles en préservant les sols, formations techniques pour des jeunes, notamment dans le bâtiment, encadrement d’entreprises agricoles locales etc.
Et un nouveau projet dans la pêche…
Belle-Anse, au sud-est, est isolée. La population dépend beaucoup du poisson comme source de revenu et d’alimentation. L’enjeu est sa conservation, pour les pêcheurs, les commerçants et finalement les acheteurs. Nous construisons des chambres froides alimentées par l’énergie solaire. Nous fournissons d’autres équipements et matériels pour renforcer la filière de la pêche : bateaux motorisés, glacières, etc.. Des jeunes sont formés à l’entretien du matériel. Le poisson pêché peut être mieux vendu, à plus de personnes.
Auteur: Fabrice Boulé, responsable de la communication pour la Suisse romande, Caritas Suisse
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Fabrice Boulé, responsable Communication Suisse romande+41 41 419 23 36medias@caritas.ch
Photo de couverture: Malgré une situation difficile, Fonie Pierre et son équipe de treize personnes s’engagent sans relâche aux côtés de la population en Haïti. © Pierre Whicpen Buteau