Après huit années de guerre en Syrie, l’activité militaire diminue dans la plupart des régions du pays et l’attention de l’opinion publique retombe. On oublie un peu que la situation humanitaire en Syrie et dans la région continue d’être très précaire. Le pays a été dévasté par les bombes, les infrastructures sont en ruines, le système éducatif public est inopérant dans de nombreux endroits, il n’y a aucune protection contre la violence. Des millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. En Syrie même, 11,7 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire simplement pour survivre.
On compte aussi plus de cinq millions de réfugiés enregistrés dans les pays voisins. La bonne volonté de la population et des gouvernements libanais et jordanien est de plus en plus incertaine, on atteint les limites du supportable et un effondrement des systèmes d’aide sociale est à craindre.
Dans ce contexte, l'impact du conflit syrien sur la Suisse semble faible. Le nombre de demandes d’asile a fortement diminué au cours des deux dernières années, principalement en raison de la politique de repli rigoureuse que l’Union européenne pratique et que la Suisse soutient. Les demandes de ressortissants syriens représentent actuellement 9 % de l’ensemble des demandes. Alors qu’il est prévisible que ces personnes ne pourront pas retourner dans leur pays avant longtemps, la Suisse leur refuse le statut de réfugiés et ne leur accorde qu’une admission provisoire.
L’aide de Caritas pour les Syriennes et Syriens déplacés
Depuis le début de la guerre, Caritas Suisse a mis en œuvre des projets humanitaires d’un montant de 44 millions de francs en Syrie, au Liban et en Jordanie. Outre l’aide d’urgence et à la survie, des mesures d’éducation pour les enfants réfugiés ainsi que des mesures visant à générer des revenus et à créer des moyens de subsistance ont été également mises en place. Depuis 2012, les mesures d’aide de Caritas ont bénéficié à quelque 566 000 personnes. Caritas Suisse planifie maintenant des projets de formation qui permettent aux personnes concernées d’améliorer leurs conditions de logement et d’avoir tout simplement un toit.
Le devoir de la Suisse d’en faire plus
Ces huit ans de guerre en Syrie ont également mis la Suisse dans l’obligation d’en faire plus que financer ponctuellement des projets d’aide humanitaire. La Suisse doit verser une contribution conséquente sous forme de programmes-cash pour soulager le budget très déficitaire de ces pays. Il s’agit d’éviter que les systèmes d’aide sociale du Liban et de la Jordanie ne s’effondrent. Il faut également accroître considérablement les investissements dans l’éducation de base et la formation professionnelle, car les systèmes scolaires libanais et jordaniens sont complètement débordés.
Pour améliorer la situation des réfugiés syriens en Suisse, nous devons nous engager à créer des voies de fuite sûres et à alléger le fardeau des pays qui accueillent un nombre particulièrement important de réfugiés, comme le Liban. Le Conseil fédéral doit donc augmenter considérablement l’accueil des réfugiés du programme de réinstallation. Quelque 8000 Syriennes et Syriens vivent encore en Suisse avec le statut de personnes admises à titre provisoire. Il faut leur accorder le statut de réfugiés.