Après la défaite de l’organisation État islamique en 2017, le gouvernement syrien, avec l’aide de ses alliés, a étendu son contrôle à de grandes parties du pays en 2018. Cela a engendré de nouvelles expulsions et déplacements, dont la fin n’est pas encore en vue. Après la défaite des groupes d’opposition à Afrin, dans la Ghouta orientale et à Dara'a, de nombreux Syriens nouvellement déplacés ou réexpulsés sont arrivés dans ces trois régions au premier semestre 2018. Le conflit persistant entre le gouvernement et l’opposition laisse présager de nouveaux déplacements, avec les charges qui en résulteront pour les infrastructures publiques.
En même temps, le nombre de personnes retournant prudemment dans leurs villes et villages d’origine après la diminution de la violence militaire s’accroît lentement. Il s’agit encore de retours volontaires, essentiellement de personnes qui ont été déplacées au sein même de la Syrie. Et en parallèle, les pays voisins sont de moins en moins prêts à héberger un grand nombre de Syriens réfugiés. Les autorités de sécurité intérieure libanaises, par exemple, ont déjà commencé à créer des centres de retour forcé des réfugiés syriens.
Beaucoup de déplacés internes et de volontaires au retour s’efforcent de rejoindre Homs. Depuis le début du conflit, Homs, la troisième plus grande ville de Syrie, a été le théâtre de batailles acharnées entre les troupes gouvernementales syriennes et l’opposition. C’est aujourd’hui l’une des villes de Syrie les plus profondément détruites. La ville qui comptait 1,4 million d’habitants avant la guerre a perdu plus de la moitié de ses habitants qui ont été tués ou déplacés. On estime que plus de 83 % des bâtiments sont entièrement ou partiellement détruits. Les familles qui sont revenues peupler la vieille ville à la fin des hostilités ont tout perdu et vivent dans une extrême pauvreté et dans des conditions très difficiles. De petits commerces ont rouvert dans les ruines. Mais la crise économique empêche un retour à la normale.
Et l’aide humanitaire reste indispensable — la situation est précaire partout. Selon les estimations actuelles, 43 % des habitants de Homs dépendent de l’aide alimentaire et 63 % n’arrivent pas à payer leur loyer mensuel. Les trois quarts des personnes souffrant de maladies respiratoires sont des enfants de moins de 5 ans. Les trois quarts des femmes enceintes souffrent de maladies liées à la grossesse. La plupart des ménages ne peuvent pas s’offrir de savon et de produits d’hygiène. Les gens n’ont plus d’économies, et pas de revenus qui permettraient de satisfaire même aux simples besoins fondamentaux, et ils doivent donc mettre en place des stratégies négatives telles que le travail des enfants et la réduction de la consommation alimentaire.
Depuis le début de la guerre, Caritas a fourni une aide humanitaire en Syrie et soutenu les groupes de population les plus vulnérables. L’œuvre d’entraide a aidé jusqu’ici plus de 500 000 personnes touchées par le conflit. À Homs, Caritas prévoit de poursuivre son aide d’urgence et de la compléter par des soutiens aux microentreprises.