Sur le plan éducatif, la Suisse impose la fréquentation de l’école.
L’école n’est actuellement pas en mesure de répondre aux besoins particuliers des enfants réfugiés. L’intégration scolaire des jeunes de 12 ans est le plus souvent une réussite ; s’agissant de jeunes plus âgés, la scolarité obligatoire ne suffit pas. Le système de formation ne répond toujours pas à la question de savoir comment prendre en charge un Afghan de 16 ans qui sait juste lire et écrire dans sa propre langue. Les moyens nécessaires pour un soutien au-delà de la scolarité obligatoire font défaut, même si de grandes disparités existent d’un canton à l’autre.
Quelles sont les exigences concrètes de Caritas en termes de formation scolaire ?
La formule doit être la même que pour nos enfants. Pour eux, nous exigeons que l’enseignement général leur inculque un certain niveau de formation générale. Après la scolarité obligatoire, 95% des enfants doivent être à même de suivre un apprentissage ou de poursuivre leur formation scolaire. Cet objectif est quasiment atteint aujourd’hui, mais au prix de gros efforts. Des « passerelles » spéciales ont été mises en place. Notre avis bien arrêté est que cet objectif doit être aussi poursuivi pour des jeunes réfugiés non accompagnés. À cette fin, des investissements sont à consentir, comme pour les enfants suisses. Car si ces jeunes restent à la traîne et doivent vivre de l’aide sociale toute leur vie durant, l’addition sera très salée.
Caritas exige également que la Suisse assume une responsabilité au-delà de 18 ans révolus. Pour quelle raison ?
Lorsqu’un jeune atteint ses 18 ans chez nous, sa structure familiale reste en place. Nous ne chassons pas nos enfants de la maison et n’interrompons pas non plus le dialogue avec eux lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. À y regarder de plus près, c’est ce que nous faisons avec les enfants réfugiés non accompagnés : ils perdent leurs éducateurs référents, le conseil juridique dont ils profitaient, ils doivent quitter leur logement et leur lieu de séjour et l’environnement social disparaît. Cela entrave sérieusement leur épanouissement et les confronte à une situation totalement nouvelle. Ils ne déménagent pas parce qu’ils le veulent, mais parce qu’ils ont 18 ans. C’est une perturbation radicale, totalement artificielle, de leur vie.
Vous dialoguez régulièrement avec des élus fédéraux. Ont-ils pris conscience de cette thématique ?
J’ai été surpris du peu d’interventions politiques sur le thème des enfants réfugiés. La politique fédérale n’a pas encore vraiment pris la mesure de la situation. Les cantons ont élaboré de très bonnes directives, ce qui indique une certaine prise de conscience, mais les différences sont très nettes s’agissant de la mise en œuvre. Pour les enfants réfugiés, arriver à tel ou tel endroit devient donc une loterie. Dans certains cantons, ils trouvent une situation relativement favorable, alors que dans d’autres, de nombreux aspects sont à améliorer.
Quelles orientations politiques faut-il prendre ?
C’est également une question d’argent. De l’avis de Caritas, la Confédération doit s’impliquer davantage et veiller à ce que la Convention relative aux droits de l’enfant et les directives de la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales soient réellement respectées partout en Suisse. De plus, il faut harmoniser les normes en matière d’assistance et de formation entre les cantons.